I defy Heaven and Hell.
The laws of the universe say that the man I love is lost to me.
I say:
Watch me save him.
Blotti dans ses bras forts, la tête sur son épaule, sa main dans la sienne. Plus proches que jamais, ils fusionnent. Âmes-sœurs retrouvées, deux parties de la même âme qui se recollent, l'une à l'autre, le cœur tambourinant à la même allure. Faer le regarde, les images pixelisées se reflétant dans ses yeux ambre. Il ne décroche pas les siens de la télévision. Il est là sans vraiment l'être. Faer peut sentir son parfum, sa présence, il entend son pouls palpiter dans son cou, pourtant. Et il se sent bien, terriblement bien. D'être avec lui. Personne d'autre, rien que lui, rien qu'eux. Là, sur le futon bleu, dans leurs bas de pyjamas, amples, unis. Leur torse nu flambants l'un contre l'autre. Mais lui, à quoi pense-t-il ? Il sourit. Mais ce sourire n'est pas pour lui. Il a entendu sa réplique culte, dans The Avengers. Voilà ce qui étire ses lippes. Pas Faer, plus Faer. Il est si proche et pourtant si distant. La plus distante des étoiles. Faer fronce les sourcils et s'humecte la lèvre inférieure. Il se love dans ses bras, toujours un peu plus. Pour lui faire comprendre qu'il est là. Pour lui faire comprendre qu'il lui adresse ses plus tendres regards. Pour lui faire comprendre qu'il ne se lèvera pas pour remplir le bol de maïs soufflé. Alex en pioche encore une poignée, sans même cligner des yeux;  essaye de tous les mettre dans sa bouche d'un coup. Certains dégringolent sur sa poitrine et font du saut d'obstacles contre ses abdos. Faer en rattrape un avant qu'il n'atteigne le nombril. Il le croque et lève la tête, les lèvres en cœur pour déposer un baiser sur sa mâchoire si bien taillée.
Rien. Pas même un sourcillement. Que du vide. Qu'il soit là ou non, Alex ne lui montrerait aucun intérêt. Faer se défait de ses liens, échoue sur le futon, la tête s'enfonçant dans un coussin. Il souffle, tout doucement, passe ses jambes au-dessus de celle d'Alex, lui gênant un peu la vue d'abord avec ses genoux. C'est la douzième fois que Faer voit ce film et il ne doute pas une seconde qu'Alex l'ait vu encore plus de fois que lui. Il en demande plus, à ce moment très précis. Plus qu'un programme télévisé et un plateau repas. Ne serait-ce qu'un doux regard, édulcoré s'il le fallait. Il ne comprend pas le peu d'attention qu'il lui adresse. Mais il ne fait pas de chichis. Ça doit être la mauvaise période du mois. La pleine lune ou la semaine rouge. Voire les deux à la fois.
Il s'embête. Il le regarde, encore, jonglant entre l'écran et son profil sculptural.
Il croise les bras. Bon, qu'est-ce qu'il y a ?

C'est une torture d'être assit à côté de Faer sans le regarder, sans le toucher. A chaque respiration, son torse frôle celui de son compagnon et il ne peut empêcher la réaction primaire de son corps, qui méne à ce désir qu'il ressent pour lui. Lui qui a toujours agi sans réfléchir, se laissant guider par ses pulsions, se retrouve à devoir les contrôler, les enfermer comme un lion dans sa cage, un lion qui rugit. Il a ouvert la lettre trois jours auparavant et n'a pas cessé d'y repenser depuis. Il a très peu dormi ces derniers jours, il fait cauchemar sur cauchemar, il angoisse à l'idée d'avoir contaminé Faer d'une manière ou d'une autre. Rien que leur position là sur le futon, l'un contre l'autre, le stresse. Il voudrait s'éloigner de lui et mettre de la distance, mais Alex a un plan. Une idée qu'il a eue la veille et qui marchera à tous les coups. Il le faut. Son regard reste rivé sur l'écran de télé, il connait le film par coeur, un de ses préférés. Il ne se passe pas une semaine sans qu'il le regarde, il pourrait citer toutes les répliques comme ça si on lui demandait. Il reprend du popcorn dont une partie échoue sur son ventre. Du coin de l'oeil il voit Faer en prendre un et le manger avant de déposer un baiser contre sa joue. Alex reste impassible, il force son corps à rester immobile, à ne pas réagir. Pourtant Dieu seul sait à quel point Alex veut l'embrasser, le serrer dans ses bras. Mais il ne doit pas, parce qu'il a un plan. Il n'a pas envisagé une seule fois de lui dire, Faer ne doit rien savoir, jamais. Et si c'est lui qui part, alors il ne se posera pas de question sur la vraie raison. Alex doit juste être patient et jouer le jeu. Faer finit par se décoller de lui, sans pour autant s'écarter à l'autre bout du futon. Il vient caler ses jambes sur les siennes, l'empêche de voir l'écran de télé. Alex se penche juste sur le côté, faisant comme si de rien n'était, comme si Faer n'était pas là avec lui. Le plan, le plan doit marcher, il va marcher. Sans ça Alex n'a aucune idée de comment faire. A sa question, Alex se penche pour prendre du popcorn, sans jamais quitté l'écran de télé. Il ne peut pas le regarder, plonger dans son regard ambré. "Ben rien...je regarde le film." répond il, en espérant que le tremblement dans sa voix n'est pas audible. Il aurait pensé que le plan serait facile à appliquer lorsqu'il y a pensé, seul. Mais c'était sans compter Faer avec lui, son parfum enivrant, sa beauté à vous couper le souffle. Ces maudites tâches de rousseurs avec lesquelles Alex veut jouer. Il ne lui accorde aucun regard, aucune attention, putain que c'est dur. D'ordinaire, il ne rechigne pas à mater Evans sur son écran télé, mais pas ce soir. Il n'a pas le coeur à ça, mais il fait comme si, pour le sacro-saint plan.

Ça a l'effet d'une bombe dans sa poitrine. "Ben rien..." Il se fout de sa gueule complètement. Faer n'est pas dupe, il sait très bien quand il y a quelque chose qui cloche avec Alex. Bon, il savait aussi que ces soirées entre "petits-copains" n'étaient pas son truc, mais il pensait que pour cette fois, il allait faire un effort, comme il en avait déjà fait tant. Il laisse couler, cette fois. Arque un sourcil et se pince les lèvres pour bien faire comprendre qu'il n'est pas satisfait de cette réponse. Mais rien de plus, il ne voudrait pas commencer une dispute, ça ne servirait à rien du tout. Mais il faut avouer que cette réponse, sèche, balancée comme si de rien n'était, a été idiote. Il retire ses jambes et se redresse pour se terrer à l'autre bout du futon, créant une distance significative entre eux. Il a toujours les bras croisés, l'air fâché. Il lui en faut peu, très peu. Ça fait un moment qu'entre eux deux, il n'y a rien eu. Rien que des putains de films et des petits pois surgelés. Comment ça, "rien" ? Laisse couler, Faer, laisse couler. Et non, il explose. Il a un sacré mauvais caractère, Priddy, un caractère de chien. Il réagit au quart de tour, il essaie de se contenir, mais son sang ne fait qu'un tour, alors il se doit de le dire, que ça ne lui convient pas. Qu'il ne peut pas rester là, impassible, à mater un film qui n'est maintenant plus qu'un fade navet à force de l'avoir trop vu. Il soupire, comme un volcan en éruption, la fumée monte, puis la lave qui lui brûle la gorge. Ça le démange, quand il voit qu'Alex ignore tous ses signaux de détresse, ses gestes symboliques, ses soupirs qui veulent dire "serre-moi dans tes bras, fais quelque chose". Et ça fait presque une semaine que c'est comme ça, qu'il est à l'autre bout du ciel, du lit, du canapé. Qu'il sort, qu'il rentre tard, qu'il se cherche des prétextes pour pas faire l'amour. Il a repoussé ses avances déjà deux fois. Ça n'arrivait jamais avant. C'est Faer, le farouche. Il se dit, parfois, qu'Alex a dû trouver mieux, qu'il a dû butiner ailleurs et qu'il avait trouvé une jolie fleur. Ça le rend triste, mais Alex est comme ça et il ne peut rien y faire. Ils n'ont jamais dit qu'ils étaient exclusifs, alors, il n'a rien à dire. Mais il pourrait le lui avouer, au moins, plutôt que de faire semblant, plutôt que de jouer au connard et de le faire croire qu'il est là, avec lui, rien qu'avec lui, alors qu'il pense à une autre paire de fesses. Il marmonne. Il s'appelle comment ? Il se fait des films, clairement. Mais il pense qu'il l'aime juste un peu trop. Et ça lui fait du mal, de savoir que la personne qu'il aime le plus, là, maintenant, ne ressent sans doute pas la même chose pour lui. Faer a pris des cours, il connait sur le bout des doigts toutes les expressions du visage et leur signification. Pour l'art.
Alex est une statue grecque, belle, mais frigide et rien que dans les distances abstraites qu'il prend, Faer en déduit des trahisons chimériques.

Alex sait que sa réponse va mettre le feu au poudre. Il n'a pas besoin de voir Faer pour savoir que ces quelques mots lui ont déplu. Faer ne tarde d'ailleurs pas à retirer ses jambes et à se réfugier dans le coin opposé du futon. Alex lutte contre la boule qui se forme dans sa gorge, l'envie de se retourner et le prendre dans ses bras et s'excuser et tout lui dire. Mais il se retient, il peut pas lui faire ça, il peut pas lui annoncer sa condamnation à mort. A sa question, il hausse des épaules, comme si c'était rien, alors que c'est tout le contraire. "Rien je te dis." reprend il séchement, comme si Faer l'emmerdait pendant qu'il regarde son film. Alex ne le regarde plus depuis un moment en fait, ses yeux sont rivés dans sa direction, mais c'est tout. Son attention est focalisée sur Faer, il le sent bouillonner à côté de lui, sent qu'il se retient mais ça fait un moment qu'il se retient son serveur. Alex a commencé son manège depuis un moment, crevant son coeur un peu plus à chaque fois qu'il fait ce petit manège et pour le moment Faer le laisse faire et attend, il attend peut être qu'il lui dose ce qu'il se passe, mais ça n'arrivera pas, parce qu'Alex est déterminé. Il se tend à sa seconde question. Il n'y avait pas pensé à ça tiens, faire croire qu'il avait trouvé un autre. Un autre meilleur, un autre avec qui il s'éclate plus. Parce que la vérité c'est qu'il n'y personne de meilleur que Faer dans le monde, dans l'univers même. Et il peut pas le trahir comme ça, il a jamais pu d'ailleurs, même s'ils ne se sont pas promit la lune et tout le reste. Il a essayé, mais il a pas pu, parce qu'il ne pensait qu'à Faer. Ce soir là il a même débarqué chez lui pour lui faire l'amour dans l'entrée, juste là, comme pour se rassurer, et se coller la trouille en même temps. Mais maintenant qu'il aborde le sujet...ça pourrait peut être faire accélerer les choses qui sait. Mais peut il allait jusque là ? Jouer le jeu et lui faire croire ? "Jeff." souffle t'il après de longue minute. Dieu qu'il se hait pour ça, mais il se persuade que c'est pour le meilleur, que c'est pour le bien de Faer, tant pis si lui fini seul, tant que Faer finit heureux. "T'es content ? C'est tout ce que tu voulais savoir ?" demande t'il avec agressivité. "C'est pas comme si on s'était promit quelque chose, fait pas le triste avec moi Priddy." Il garde le regard rivé sur la télé, parce que sinon il sait qu'il va craquer et tout lui révéler.